San Luis Potosi, Mexique
Templo del Carmen
décembre 2007
Fiesta De Luz
Les différents tableaux proposés sur la façade du Templo del Carmen sont le fruit d’un travail sur l’identité baroque mexicaine, ils sont une réflexion sur l’appropriation et la transformation du savoir faire artistique exogène des artistes occidentaux par les artistes mexicains en un art baroque endémique, à l’image de la culture originale du pays.
Les tableaux successifs montrent la mutation d’un art sophistiqué et maitrisé de la sculpture et de la peinture vers un art populaire, plus naïf, empruntant aux vestiges immémoriaux de la culture pré-colombienne, dans la mise au service de Dieu des symboles, couleurs et ornements issus de la représentation paganiste (l’ensemble faisant l’objet d’une reconstruction architecturale à l’échelle d’un monument sacré puisqu’il s’agit d’une église chrétienne).
Et de montrer ainsi la diversité et l’impact des civilisations, d’indiquer les apports et les enseignements, d’affirmer les profondes racines culturelles que chacune possède en elle, celles qui font la particularité de chaque peuple, l’identité de chaque nation.
Il m’a paru intéressant, pour imager ce propos, de construire à partir de l’œuvre d’un sculpteur de renom, Arnao de Bruselas, artiste flamand du XVIe siècle ayant beaucoup oeuvré pour Charles V et Philippe II d’Espagne, une composition en mouvement, partant d’un “état baroque espagnol” pour se transformer en un “état baroque huichol”.
Et de figurer par une composition faite d’une suite d’états de la façade du Templo del Carmen cette transformation inéluctable qui voit la culture endogène prendre le pas sur les apport extérieurs, tout en en conservant la mémoire et la trame architecturale. Les différents tableaux empruntent à Brusselas pour la partie “espagnole” puis viennent puiser aux multiples références extraites des musées Potosinians et de la culture Churrigeresque, ornements, sculptures, peintures, éléments décoratifs, représentation de la Vierge… La musique puise elle aussi dans la grande musique baroque au son des clarines et des cordes, des grands mouvements de chœur pour progressivement s’orienter vers une musique plus lyrique, plus figurative, emprunte d’airs indigènes, finissant en fanfarre avec une mélodie des Marriachis…
Ou comment montrer sans prétendre à la vérité historique mais en jouant de la compréhension sensible ce que l’enseignement des espagnols a apporté aux hommes du Potosi pour forger leur propre culture et comment les sculpteurs indiens, ici au pays des Huichols, ont réinventé ce baroque roccoco local exceptionnel !
XR