Chartres, France
Musée des beaux-arts
2003 à 2005
Fête de la lumière
Aux marches du portail succède le palais, la pelouse zébrée accompagne en musique l’entrée dans ses jardins. Depuis les murs d’enceinte on suit le labyrinthe et des murs de clôture s’échappe une rengaine, aux accents mécaniques de l’oiseau vénitien, des ailes de papier irradient les volutes d’une lumière noire s’envolant dans la nuit. Tout à la fois simple et drôlement tragique, l’âme de Tatischeff porte la mélodie. Les lieux d’architecture renforçaient les contrastes, le pignon séminaire répondait au musée, inversant les motifs du tapa noir et blanc, ci-devant pour la cause, bougé de son carcan. Pavages, briquetis, pierres taillées, fers forgés, marqueteries, acanthes, oves tapis piliers, tous seraient de la fresque, tous seraient fêtés.
Et le plus simplement, en tenue de soirée, les hommes des cimaises sont venus converser avec les grandes dames en robes d’organdi, et de damas de soie, dont les plissés précieux avantagent la ronde des puissants postulants pour la postérité. Car depuis les réserves et les salons dorés, depuis les salles obscures, les pièces mansardées, toute la collection des âmes présentées livrait sa vérité au monde effarouché par les salles d’apparat de cet ancien palais. Le musée a offert aux murs du dehors tous ses plus beaux tableaux, faisant de cette nuit l’incroyable rencontre, réunissant d’un coup au fil de la soirée Louis Seize et Diderot, Jehanne et Saint Simon, Jean-Baptiste et Hortense, l’espace d’un instant, d’une histoire racontée au gré de leurs portraits tous venus témoigner. Saint Antoine embrasse Lisa Vigée-Lebrun et Marceau solennel croise un singe de Chardin… De tous les artifices le meilleur est celui qui depuis l’intérieur emploie les personnages dans le contre courant portant sens et message.
Et depuis les terrasses des jardins luminés, on voit tout le manège de la ville enchantée.
XR