San Luis Potosi, Mexique
Cathédrale Potosine
mars 2008
Semana Santa y Pascua
Le travail de la cathédrale est composé selon un registre différent de celui du Templo del Carmen. La façade architecturée étant de style classique, proche du baroque traditionnel, notamment avec ses statues italiennes, il m’a semblé que je pouvais exprimer ici le sentiment profond d’enracinement religieux et de dévotion au Christ que je perçois comme essentiel dans la vie du peuple mexicain en m’attachant moins à la valorisation de l’architecture (connue, référencée pour un européen) qu’au monument “cathédrale”, emblème visible au Mexique dans l’histoire de la Foi fondée sur la Réssurection du Christ Roi.
La période de Pâques justifiant cette direction, j’ai pris le parti de raconter, par la présentation de différents tableaux se succédant sur la façade, un cheminement pictural tout d’abord au travers de l’élément végétal, symbole de perpétuelle renaissance, de vigueur et de prospérité puis vers le “maillage” de la religion au travers d’une mise en valeur “brodée” de la cathédrale. En allant chercher les plantes et végétaux qui peuplent les espaces de jungle, de forêts ou de plaines désertiques pour élaborer des tableaux surréalistes d’une façade offrant une virginité ornée de plantes en mouvement, de papillons s’envolant (Dali), symbole de la terre en gestation, au moment de la Genèse. Et d’instiller quelques allusions au poète et artiste Edward James, maitre de Xilitla et ami des peintres et auteurs du Surréalisme français et espagnol des années 30 (Dali, Magritte, Queneau, Poulenc) et qui a vécu cette jungle au quotidien au travers de l’Art contemporain.
De ce tableau végétal “sauvage” va naître l’époque moderne, celle qui voit l’édification des églises, monuments érigés à la Gloire du Dieu Vivant. Par le Lys, symbole de pureté, de royauté et de culture, fleur immaculée prenant le pas sur la jungle, ainsi et toujours dans un registre surréaliste se transcende sur la façade l’arrivée de la civilisation, par l’envahissement de la cathédrale par des centaines de fleurs blanches en éclosion, symbolisant la fondation de la Ville de San Luis de Potosi sur des valeurs chrétiennes, royales (le lys blanc est le symbole des Roi de France et Louis IX est le roi fondateur du nom de la ville).
Progressivement et par la transformation du lys blanc en lys martagon (lys rouge orangé) nait l’idée de la fondation de la société judéo-chrétienne, sur la Croix du Christ donnant sa vie pour la salut des Hommes. Le rouge envahit la façade, le sang devient pourpre à broder pour construire l’Eglise naissante. De cette mort du fils de l’Homme est né le Christianisme, religion éclairée qui a conquis le Monde. Et la cathédrale, haut symbole de la puissance de l’Eglise se tisse doucement comme une chasuble, au fil d’or se brode avec délicatesse l’œuvre architecturale, la royale dalmatique naît du sacrifice de la Cruxifiction. Et San Luis Potosi prends son essor, la cathédrale haute en couleur et riche de ses ornements (le Christ en croix est le Christ XVIIe de la cathédrale, la croix vient de l’église San Francisco à Réal de Catorce, les ornements brodés sont inspirés des vêtements liturgiques de la Sacristie, le visage du Chist réssuscité est extrait d’une chasuble de l’Evêque Montes de Oca) accueille le Christ réssuscité pour Pâques dans une cathédrale d’Or et d’Argent, à l’image des armes de la Ville et de sa prospérité.
La musique accompagne ce voyage dans le profane et le sacré, tout d’abord avec Manuel de Falla et l’Amour Sorcier, puis une liaison musicale, toujours au XXe siècle avec Francis Poulenc pour une pavane profane suivie d’un Gloria s’accordant musicalement avec la grande œuvre baroque de Georg Friedrich Haendel, le Messie, pour finir en apothéose avec le final du premier acte du Martyre de Saint Sébastien de Claude Debussy, en hommage aux deux statues du saint présentes dans la cathédrale. Dans cette pièce, beaucoup de rapprochements entre la France et le Mexique…
XR