Talmont-Saint-Hilaire, France
Château de Talmont
2000 à 2009
Les Nuits de Richard Cœur de Lion, Festival Mimos
La visite nocturne du Château de Talmont s’inscrit dans un esprit guidé conjointement par l’idée d’une (re)découverte spatiale du site même de Talmont Saint-Hilaire et par la volonté d’une mise en lumière et en image des différents points forts du Château. Le parcours se fera selon la chronologie de construction du château soit suite à une approche extérieure du site depuis le canal, une découverte en deux temps des espaces de la cour intérieure (appréhension globale puis découverte thème par thème), un parcours poétique dans les espaces couverts, une sortie par la basse-cour pouvant se prolonger selon le temps restant au visiteur par le tour du Château dans les douves.
Afin de soutenir ce discours nous avons imaginé de restituer en plusieurs points et dès le début de la visite, des éléments visuels attractifs extraits tantôt d’une imagerie existante, tantôt d’un registre poétique. Cette double intention est renforcée par une création lumière donnant un éclairage de nuit original, coloré et inspiré de l’histoire même du site : la mer autrefois présente, les étapes de la fortification, la lecture du bâti selon ses fonctions (ondoiement de la base de la muraille sur rue, séparation colorée du clocher-porche et de la tour Gargalleau, rayonnement doré du couronnement des tours, lumière du jour dans les espaces autrefois extérieurs…). La visite d’un château partiellement ruiné où le temps a effacé les spécificités d’utilisation, suggère des propositions d’imageries signifiantes: la mise en lumière des beautés plastiques de la pierre en l’état se devant d’être relayée, pour l’attrait du projet, par un parcours jalonné d’attractions poétiques et scéniques …
A l’extérieur, nous traiterons l’entourage immédiat du Château dans des gammes de couleurs procurées directement par le type de sources employées, tonalités différemment accentuées de bleus, bleus froids et bleus colorés, sur les éléments externes au Château (talus, arbres, chemin, pâture) avec une incidence directe en contraste sur la coloration des façades qui à l’instar seront traitées dans une température de couleurs se réchauffant, vers un ambre doré sur les points hauts de l’édifice et visibles de loin. Une matérialisation de l’élément aquatique sera apparente à la base des murailles sur la place du Château. Cette dualité froid-chaud sera exploitée également dans le rapport crée dans les douves à l’arrière du Château, les murs chaleureusement éclairés en rasant depuis les arbustes en contre plongée tandis que s’étale une vaste clarté bleutée sur la pâture où mouillent quelques navires. L’accès au Château, sous le couvert des arbres et sous la muraille amorce l’idée de la pénombre dorée : seules les pierres structurent par leur agencement lumineux la construction qui s’élève vers le ciel…Dès l’entrée, cette atmosphère entre réalité et imaginaire, entre clair et obscur est présente : éclairage doré et fragmentaire de l’assommoir partiellement ruiné de ses pierres de façade et qui tombent doucement en rideau de rochers dans la pénombre, feulement rauque en contrebas d’une fosse où, majestueux, tourne un fauve gardien des caves du Château.
Dans la cour, une alternance entre lumière dessinée et images projetées délivre une lecture variée et renseignée de la structure architecturale du Château et de ses fonctionnalités ; extraits de scènes de la vie domestique sur les parois nues de l’Aula en contrepoint d’apparitions de Chevaliers en armes au théâtre d’ombre, défilé généalogique en pied des La Trémoille au théâtre de Jacquemart ou évocation poétique des plantes médicinales du Moyen-Age. Dans la cour, un spectacle multiple donné par intervalles exprime la vie et l’activité intense du Château.
Un cheminement explicite (délimitation lumineuse et visuelle) dirigera le visiteur depuis le passage de l’assommoir vers l’accès au clocher-porche.
Plus mystiques, les salles du clocher-porche et de la tour évoqueront l’aspect religieux et intime de l’époque, chapelle sonorisée et présentation de vêtement religieux, galerie de portrait interactive et jeu de transparences, service religieux et carillon tactile, vie privée et présentation au sol d’objets du quotidien.
Au débouché de l’escalier à vis, un chemin de planches surélevées et détachées du sol par la lumière conduit devant les trois “théâtres”. Le Jacquemart, à déclenchement sur horloge, se voit et s’écoute depuis la passerelle; puis le théâtre d’ombre, interaction lumineuse, réagit au passage du public; enfin, le théâtre de verdure s’observe depuis une passerelle qui le longe…
Par-dessus le fossé, la passerelle enjambe le creux et donne accès à la basse-cour. Depuis les arbres illuminés provient une mélodie nocturne et sylvestre, guidant vers la sortie…
XR